Vincent Gontier

Né en 1962 à Fourmies, dans le Nord, il vit et travaille à Voiron. De 1982 à 1987, il est élève de l’École des Beaux-Arts de Cherbourg, puis de l’École des Beaux-Arts de Rouen où il obtient le Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique (DNSEP) en juillet 1987.

C’est pendant cette période d’apprentissage qu’il réalise son premier assemblage de papier, une technique et une esthétique qui deviendront emblématiques de son œuvre. Le papier, les journaux ou bulletins de vote, traversés et comprimés par l’acier, font naître des formes par le jeu des contraintes mécaniques. Les brassées de papier prennent des formes géométriques complexes, douces et parfaites. Parce qu’il s’agit, souvent, de papier journal, ces œuvres fonctionnent comme des métaphores de la mémoire ; la compression du temps inscrit les souvenirs dans une forme qui associe accélération et étirement, singularité et continuité.

Vincent a connu Saint Jean de Chépy en 2012 lors du cinquième Symposium de sculpture dont il fut l’un des pensionnaires.

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François Weil et Vincent Gontier inaugurent le projet « Ré si do » en signant FWVG XXXIV

L’association ArtChépy étant devenue ChépyTerra à l’automne 2022 pour adjoindre à la création artistique l’étude et la valorisation du patrimoine ainsi que la préservation de cet environnement exceptionnel, la deuxième génération de cette vaste entreprise a donc conçu le projet Ré si do de façon à ce que le Symposium de sculpture embrasse désormais l’ensemble de ces préoccupations.

La musique a en effet toujours accompagné les Rencontres culturelles du domaine – avec des concerts de Roger Muraro, d’Aline Piboule, et, plus récemment, des Allées chantent – depuis l’origine dans ce lieu, dont l’eau, omniprésente dans l’histoire de la statuaire, a assuré la richesse tant agricole qu’industrielle.

Soucieuse d’offrir aux artistes qu’elle soutient la possibilité de travailler en communauté, ChépyTerra a en conséquence demandé à deux anciens pensionnaires du cinquième symposium de 2012, François Weil et Vincent Gontier, d’en réaliser la première œuvre.

Très vite, François Weil en énonça le principe : « Il s’agit d’encadrer l’entrée de la seconde partie du site de pierres flottantes, de la doter d’une surface de pierres flottantes, d’installer une porte, mais une porte qui ne cache rien. »

Et Vincent Gontier de préciser : « Cette sculpture développe une présence, sans être pour autant dressée. C’est la pièce d’entrée de Ré si do, qui ne doit pas couper le regard sur les œuvres qui viendront ensuite. »

En d’autres termes, « nous avons voulu une sculpture que l’on traverse, mais à l’horizontal ! Une espèce de puzzle, sur lequel on pourra marcher, et dont les pièces seront reliées par des signes. »

L’histoire de cette pièce-là vient de loin, qui s’inspire du projet Toshka, conçu en Egypte à la fin des années 90 de façon à en augmenter la surface des terres arables. Une rencontre, dans laquelle François Weil perçut alors une opportunité, entra donc, plus de vingt-cinq ans après, en résonance avec le cahier des charges de Ré si do.

Les deux artistes, qui avaient travaillé côte à côte en 2012, ayant décidé en 2021 de développer des œuvres à quatre mains, ils décidèrent de confronter leur nouvelle pratique à une autre échelle, monumentale celle-ci : la pierre et l’acier pour François Weil, le lien et les rapports de tension pour Vincent Gontier.

L’expérimentation, double – à quatre mains pour une création monumentale –, se retrouvait plus que jamais au rendez-vous. Un rendez-vous qui prit du temps, s’étalant sur deux années et répondant à plusieurs interrogations. «  Comment faire œuvre avec un ami artiste, surtout lorsqu’on a deux démarches bien identifiées ? », résume Vincent Gontier.

« A deux, chacun retient l’emballement de l’autre… », s’amuse-t-il encore. Reste que « le monumental n’est pas ma dimension ; moi, c’est la grande échelle de l’installation. » Et puis, « je travaille sur le temps ; la pierre est une autre temporalité… »

Les réponses à toutes ces questions donnent ces fabuleuses pierres flottantes en schiste de Mende, comète pour l’un, essaim de crabes pour l’autre, épousant toujours la ligne de crête des collines dominant Tullins, donnant à voir « une peau de pierre » et formant les abscisses d’un nouvel univers dont Up Saône River de Georges Meurdra constituerait les ordonnées.

« Cette œuvre, c’est un chemin de traverse pour de nouvelles voies », résume Vincent Gontier.

Gageons que ces voies artistiques-là, de recherche pour les artistes, ouvriront d’autres voies pour le public, ludiques autant que spirituelles, dans la quête de cet au-delà d’ici et maintenant que nous nous efforçons de proposer à chacun, dans le partage fraternel d’une création sculpturale.