AGNE

Agne, de la révélation à l’envol…

Longtemps, la photographie aura reflété la vie d’Agne en même temps que, la structurant, elle l’aura sous-tendu.
Car ce besoin de peinture qui animait le petit garçon du Loiret dans les années cinquante trouvera une évidente concrétisation dans la révélation photographique chez l’adolescent de Haute-Savoie.
Si deux mots peuvent résumer l’art d’Agne, peut-être est-ce bien d’ailleurs concrétisation et révélation, tant cet amateur de mathématique, de physique et de… lecture aime se mesurer à une réalisation tangible. Et cette réalisation, ce sera l’image. Mais une image préalablement pensée, conçue et longtemps repérée, dont la prise n’est que l’amorce d’un long processus créatif, dont la captation relève moins de la réalisation que de la mise en œuvre.
Au point que l’étudiant, le technicien puis l’ingénieur ne travailleront jamais qu’en alternance avec le photographe, les deux Agne s’efforçant de cohabiter, de coexister aussi harmonieusement que possible. Jusqu’à ce que le second l’emporte définitivement sur le premier au tournant du siècle comme du millénaire…
A Oxford ou au MucEM de Marseille comme au Belvédère de Saint-Martin-d’Uriage, à l’Espace Aragon de Villard-Bonnot ou à la Galerie Rabot de la Librairie Arthaud, les expositions d’Agne, quel que soit leur sujet, fleurent bon le cheminement, la réflexion, la méditation sur toutes ces traces, sur toutes ces séries de traces qu’abandonnent ou qu’observent nos contemporains.
Et, en les regardant, on ne peut que songer au vers de Nerval : « Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres… »
Cet esprit-là aura finalement eu besoin de prendre son envol, comme si le plan avait ressenti la nécessité d’une troisième dimension pour approfondir cette quête. Mais il aura fallu la crise sanitaire – et un accident… – pour qu’Agne approfondisse enfin cette tenségrité qui l’a un jour fasciné…
Sans oublier ses travaux à partir de l’anneau de Möbius, qu’il décline désormais en séries, en quête de nouvelles formes dotées de surface infinie…

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Et Agne devint sculpteur avec Tenségrité 1.3.4

La sculpture n’est donc pas que soustraction – ou adjonction… – de matière. Elle sculpte aujourd’hui le vide, cerne la transparence de la matière, dessine toute la poésie de la géométrie, à moins qu’elle esquisse la – les ? – géométrie(s) de la poésie.

Tel est bien le propos de Tenségrité 1.3.4 qui approfondit ce faisant la voie ouverte par Chantal Atelin et son Volume 60  lors du XIe Symposium de 2017, puis par Bernard Blaise et son Rosarum rosis rosis lors de la XIIIe édition en 2021.

Quatre mats – un de six mètres, trois de quatre mètres – composent ce tripode en bambou de Colombie qu’on aura vu faire rêver les visiteurs des Nocturnes de Saint Jean de Chépy. Et que la structure qu’ils constituent semble arracher une (imposante…) pierre de Villette venue de Savoie et solidement ancrée dans la terre de ChépyTerra en dit long sur la puissance de son propos…

Comme l’écrivait Gérard de Nerval dans son sonnet Vers dorés (Les Chimères, 1854) :

À la matière même un verbe est attaché…
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !

Cette matière-là, Tenségrité 1.3.4. s’en dégage autant que, l’élevant, elle paraît la faire accéder en effet à un autre stade de réalité, à une autre réalité…