Les conversations d’un patient qui s’impatiente…
Entre le bouillonnement du chaudron de la sorcière (Hubble, Bubble, Boil and Trouble), le désir patient qui s’impatiente (An Expression of Longing), la citation diplomatique convenue de Marie-Antoinette à la maitresse de « son » roi (Il y a bien du monde à Versailles aujourd’hui), les mains facétieuses du destin (Le chef a les mains heureuses), leurs gestes habitant l’espace (Entre doigt) et une allégorie de la chute (Flirt avec la chute), cet alignement de totems, tôles plantureuses et lustrées, semble tenir conversation, se jouer de nos absurdités, de celle du monde et des convenances.
Hubble, Bubble, Boil and Trouble 1996 acier noir
Flirt avec la chute 2003 – acier corten-184 x 147,5 x 89 cm
Le chef a les mains heureuses 2003 – acier corten – 165 x 149, 5 x 53 cm
Entre doigt 2003 – acier corten – 120 x 170 x 90cm
Il y a bien du monde à Versailles aujourd’hui 1997 – acier noir
An Expression of Longing 1995 – acier noir – 199 x 57 x 206 cm
La narration plastique aux rondeurs gourmandes de Vanessa Notley
Vanessa Notley est habitée d’un humour anglo-saxon. Cela n’étonne guère quand on la sait d’origine écossaise. Cette artiste globe-trotter, après les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et la Chine, est revenue se poser dans l’Hexagone, à Sète, où elle enseigne aux Beaux-Arts et au Musée International des Arts Modestes (MIAM).
Ses œuvres sont l’incarnation ou plutôt la figuration d’un trait d’humour. Partant d’éléments de langage qu’ils soient mot, expression ou proverbe, l’artiste interroge l’absurde, le conceptualise, et lui donne corps dans une narration plastique aux rondeurs gourmandes. Ainsi prend forme l’esprit de locutions désuètes, maladroites ou burlesques, incarnant le sens aiguë de la dérision de la sculptrice.
Point de scansion chez Notley. Son art est hybride et à hauteur d’homme. Il clôt l’espace pour lui donner une âme et tend vers l’abstraction sans toutefois la désirer totalement, car la mise en forme exige parfois d’aller au-delà de la suggestion.
Ainsi donne-t-elle à voir un panthéon singulier fait de métaphore du désir, de mains chatouilleuses ou d’allégories de fleur de lys cherchant leur chemin dans un décalage abouti.
Et c’est, dans un langage charnel en acier corten ou noir, aux textures lisses, sensuelles et chaudes, que le verbe prend chair et que le sourire se fait complice.