A jacopo
Dominique Coutelle, de la chorégraphie du métal à la poésie de la forme
Dominique Coutelle est un homme discret. Si l’on explore scrupuleusement son site, il ne cite même pas le parc de sculptures dont il a été la cheville ouvrière pendant quatorze années au Château du Bosc, à Domazan dans le Gard, qui fédéra tant d’artistes et fut une réussite. Il ne laisse s’égrainer que trop peu de textes caudataires dont la vision ébauche les contours de son talent.
Il est vrai que ses œuvres parlent d’elles même. Aussi sobres que lui, ne sont-elles pas la plume de ses calligraphies épurées ? Doit-on y ajouter les mots pour le dire ? Mais, les découvrant, peut-on s’y soustraire ?
Si Etienne Martin fut son professeur aux Beaux-Arts, Henri Moore et Calder ses maîtres de cœur, il a gardé du premier la danse, du second la grâce et du troisième la sensualité de la tôle dont il ne peut se départir, carnation de ses œuvres, qui vient ici souligner le vide, car penser Coutelle, c’est penser le vide qu’il aime définir comme la colonne vertébrale de ses sculptures. Ombres et lumières nées du plein en magnifient l’essence, chair nécessaire pour s’abstraire de la chair, n’en retenir que le geste, la valse primordiale, l’élan.
Coutelle conçoit son art avec toute la délicatesse qu’on lui connaît. C’est dans une duelle harmonie, qu’elle soit unique ou multiple, formelle ou chromatique, qu’il inscrit encore et toujours ses tôles ciselées plates.
Par la tranche et par les faces, cet alchimiste les entremêle, comme une danse universelle dans l’entrelacs d’un pas de deux, de quatre, de six et le secret d’une conversation intime. Ses lignes pures et ses élévations courbes, parfois tendues, habitent l’espace en contrepoints d’une symphonie muette mais palpable aux ardeurs de l’âme.
Quintessence d’un dialogue qui nous échappe et pourtant fait mouche, il y a non seulement de la grâce, de la légèreté, mais aussi de la féminité dans ses œuvres qui élèvent, suggèrent, de façon plus ténue, la verticalité idéalisée de l’humain, l’impalpable euphonie des arbres et disent, oh combien, une quête sensible.
Regarder les sculptures de Coutelle, c’est s’offrir, le temps d’un voyage, l’élégance d’une fusion, un songe complice et cette indicible tendresse qui touche au cœur.
Si Coutelle est un chorégraphe du métal, il est aussi, et avant tout, un grand poète de la forme.
A Jacopo pour rendre hommage à Pontormo
Née de l’amour de l’artiste pour le peintre de la renaissance italienne Jacopo Pontormo, elle se veut dédicace de son admirateur.
Coutelle, en épousant l’équilibre de la composition et par le déploiement épuré des lignes verticales qui composent Visitation, tableau du maître d’une grande modernité à l’époque de son exécution, entend rendre ici un vibrant hommage à la grâce et à l’harmonie de ce groupe de trois femmes au premier plan de l’œuvre du peintre.
A JACOPO pièce unique – acier (2020, 410 x 115 x 115 cm, 450 kg).