Il y a quelques années, Claude Chameroy écrivait :
«Denis Arino travaille sur un format. Son espace privilégié est le carré. La géométrie la plus simple, ouverte aux points cardinaux. Lieu d’équidistance, lieu de neutralité. Il est l’auteur d’une figure, le cheminement d’une grecque. Un lieu vertical de circulation, de fluidité. Une juxtaposition d’allées illimitées.»
C’est à partir de cette géométrie – que Denis peint de façon quasi obsessionnelle – qu’est née l’idée, pour l’exposition du Clos des Capucins en 2007, d’une mise en volume de son travail de peintre. Son complice, l’architecte Marc Givry, s’est alors mis à la planche à dessin (ou plutôt à son ordinateur !) pour créer le projet d’une structure, que l’ébéniste Franck Evano a réalisée avec une grande minutie en bois massif, cela grâce au soutien de la municipalité de Meylan
Le résultat : un « cube » majestueux, de près de 2m de côté, dont chaque face s’enchaîne, en une grecque continue.
Dans la chapelle du Clos des Capucins, la pièce se révélait imposante, centrale, très présente, rivalisant avec les volumes de l’architecture.
Après plusieurs années d’oubli, une fois remontée et mise en place au Domaine de Saint Jean de Chépy, l’œuvre s’est vue confrontée à la nature environnante, à l’espace horizontal du parc, à la haute verticalité des arbres, à l’ouverture vers le ciel. Nous avons alors découvert un changement fondamental de taille. De sculpture monumentale intérieure, elle est devenue objet sculpté posé sur une pelouse, voisinant avec d’autres œuvres de taille similaire, voire plus imposante. Pour autant, nous ne faisons pas face à une réduction, mais bien à un renouveau d’échelle lui permettant de s’inscrire dans le Chant des sculptures.
De plus, nous découvrons vite que, par cette mise en extérieur, le rapport à la lumière de l’œuvre lui aussi a totalement changé. L’ensemble des vides – l’espace intérieur et la découpe de la grecque – la multiplicité des faces jouent avec la lumière du parc. L’éclairage naturel est harmonisé, modulé par les surfaces du bois brut. Le moindre rayon de soleil se trouve ainsi fragmenté, comme par un prisme, les ombres multiples dansent, rendant l’œuvre vivante.
C’est ainsi qu’après une première vie, lors de l’exposition dans la chapelle du Clos des Capucins, après son sommeil de sept années, démontée dans un coin du cloître, la sculpture de Denis Arino et Marc Givry connaît ici, à Saint Jean, une véritable renaissance, comme une création nouvelle inespérée.
YMG